11 mai 2009

Chroniques héninoises - 2

A Hénin-Beaumont, rien de nouveau... Le silence depuis le dernier post pourrait le laisser penser. Mais le cours des choses s’est sensiblement accéléré depuis le conseil municipal du 6 avril.
Flashback : Soirée du 6 avril : Marie-Noëlle Lienemann, ex-première adjointe au maire, tient une conférence de presse improvisée dans un cagibi attenant aux salons d’honneur où vient de se dérouler sa disgrâce publique. Pendant ce temps, Gérard Dalongeville, maire d’Hénin-Beaumont, a réuni ses fidèles dans son bureau pour fêter cette nouvelle manche gagnante dans son bras de fer avec le Parti socialiste et les représentants de l’Etat. La gueule de bois du lendemain matin va être monumentale. Le Parquet de Béthune lâche les limiers de la brigade financière du SRPJ de Lille pour une série d’interpellations à l’heure du laitier. Dans leurs filets, les enquêteurs remontent Gérard Dalongeville, maire d’Hénin-Beaumont ; Claude Chopin, ancien premier adjoint chargé des finances ; et Guy Mollet, homme d’affaires trouble(s) bien connu dans le monde du cyclisme. Les deux derniers sont placés en garde à vue tandis que le premier magistrat assiste à une perquisition de son bureau. Durant cette fouille minutieuse, les policiers découvrent un coffre contenant 13.000 € en espèces. Un coffre dont Gérard Dalongeville niera connaître l'existence... Des dénégations qui font sourire les connaisseurs des arcanes du dossier.
Après 48h de garde à vue dans les locaux du commissariat de Lens, les trois hommes sont déférés au Parquet de Béthune où ils se voient signifier leur mise en examen pour détournement de fonds publics au moyen de fausses factures, délit de favoritisme et recel, faux en écriture privée et usage, extorsion de fonds. On leur reproche notamment d’avoir détourné 900.000 € des comptes de la ville entre 2006 et 2008. Mais l’addition finale, pour la période concernée, pourrait se monter à 4 millions d’euros. Des faits suffisamment graves pour justifier une mise en détention.
9 avril, palais de justice - Béthune. Brigitte Lamy, la procureure de la République s'exprime devant la presse à propos de "l'affaire d'Hénin-Beaumont". Un maire mis en examen et placé en détention provisoire, ça n'arrive pas tous les jours...
Après deux échecs ssuccesifs aux légilatives de 2007 et municipales de 2008, Marine Le Pen et le FN font feu de tout bois dans l'ambiance pré-électorale qui règne à nouveau à Hénin-Beaumont. Pour le parti frontiste, ça passe ou ça casse...
Pierre Ferrari est le leader du MJS héninois et une pièce importante du dispositif du PS dans le nouvel échiquier politique qui est en train de se mettre en place dans la ville. Conseiller municipal mis au ban de la majorité, il a vu arriver le nouveau rapport de la CRC avec soulagement. Il risquait, en effet, une invalidation de son élection et une inégibilité après être tombé dans une toile d'araignée tissée par Gérard Dalongeville. Les magistrats arrageois le blanchissent de toute infraction. De quoi se faire une virginité politique...
Viré du Parti socialiste après la victoire de Gérard Dalongeville en 2001, Daniel Duquenne avait pris la tête de la liste de l'Alliance républicaine, un rassemblement hétéroclite d'anciens du PS et du MRC et de gens de la société civile. Leur credo, un anti-dalongevillisme forcené comme fond de commerce et ligne politique. Les développements judiciaires leur donnent raison. Jusqu'à quand ?
8 mai. Cimetière d'Hénin-Beaumont. Jean-Bernard Deshayes, premier adjoint au maire, et Jean-Marc Legrand, adjoint chargé de la sécurité, déposent une gerbe sur le monument aux morts. Et peut-être sur des illusions perdues ?

Du côté de l’hôtel de ville, les élus de la majorité municipale font front tout en faisant profil bas. Après un communiqué de presse laconique émanant “d’un groupe d’élus soudé et intègre”, le premier adjoint au maire, Jean-Bernard Deshayes, indique la ligne de défense de la commune lors d’une conférence de presse. Ce qui en ressort à de quoi laisser circonspect : les élus majoritaires ignoraient tout du système mis en place, la sous-représentation des cadres en mairie a conduit à la catastrophe, mais les élus veillent au grain et vont remettre le personnel au travail. Le rapport d’observations provisoire de la Chambre régionale des Comptes arrivé le 10 avril en mairie bat en brèche cette thèse. Un rapport “brûlot” auquel la commune doit répondre dans un délai de deux mois. Sur le plan administratif, ça se complique aussi. Le budget primitif voté le 30 mars n’est toujours pas validé par le préfet, puis Gérard Dalongeville est suspendu de ses fonctions de maire pour un mois, ultime étape avant la révocation. A la fin du mois, le Conseil d’Etat examinera les deux recours en annulation des élections municipales de mars 2008. Et l’on évoque de plus en plus un retour aux urnes pour l’automne prochain.
Dans cette ambiance pré-électorale qui ne dit pas son nom, les différents protagonistes du précédent scrutin occupe déjà le terrain de la blogosphère, des médias et des marchés des mardis et vendredis.
Pendant ce temps-là, Dalongeville, Chopin et Mollet découvrent la réalité pénitentiaire malgré des demandes de remise en liberté rejetées par le juge des libertés ; trois nouvelles mises en examen - les dirigeants d’une entreprise de gardiennage, sont intervenues ; et la brigade financière poursuit ses investigations tous azimuts qui donnent des sueurs froides à des élus, des entrepreneurs et des fonctionnaires.
Comme le chantait Henri Salvador dans les années 60 : “Hénin-Liétard, (devenue depuis 1971 Hénin-Beaumont) ville perfide, ville trompeuse”...

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