21 janvier 2008

A la demande générale...

Je vais commencer à poster les images de l'expo (voir post précédent) avec leurs légendes. N'hésitez pas à laisser vos commentaires !

Pascal Béclin - Courcelles-lès-Lens - Canal de la Deûle - 9 janvier 2008
“Ça fait vraiment bizarre de ne plus voir la tour à plomb et la grande cheminée quand on s’arrête ici. Pour moi, Metaleurop, c’est avant tout Pennaroya. En 1980, j’étais étudiant et j’avais dégoté un job d’été à la fonderie. J’étais jeune, je ne savais pas où je mettais les pieds ! J’y ai passé un mois en travail posté. L’un de mes derniers soirs de travail, j’ai été brûlé au cou par une projection de métal en fusion. Ma chaîne de cou était collée sur ma peau. c’est très désagréable mais j’ai été jusqu’au bout de mon poste. Avant la fin de mon contrat, on m’a proposé une embauche, mais ma petite amie de l’époque m’a dit : “C’est Pennaroya ou moi !”. Aujourd’hui je suis programmateur musical dans une structure culturelle.
(...) Au moment du conflit, plein de souvenirs sont remontés à la surface. Je comprenais le désarroi de la population et des salariés. Mais ne nous leurrons pas, cette usine qui était un vecteur d’emploi était aussi un vecteur d’atteinte à la santé pour ceux qui y travaillaient”.
Alain et Muriel Carpentier - Courcelles-lès-Lens - 8 janvier 2008
“Ça fait quatre mois que je recherche du boulot... Comme beaucoup d’entre nous, j’ai fait de l’intérim, je ne me voyais pas rester sans rien faire... On a bien eu droit à des formations payées, mais après on a été lâché dans la nature. Et encore, je ne suis pas le plus à plaindre. Le pire, c’est pour ceux qui n’avaient pas de métier dans leurs mains.
(...) Moi, Metaleurop, c’est 23 ans de ma vie. J’ai été plombé cinq fois. Mais bon, on le savait. On faisait pas du chocolat.
Dans cette histoire, nos gouvernants sont contents d’eux. Ils ont évité le pire, mais pas nous.
Et puis je me souviens de l’attitude de François Fillon. A l’époque, il était ministre des Affaires sociales. C’est avec lui que nous avons signé le plan social. Nos épouses s’étaient impliquées sans compter dans la lutte. Pour la “photo de famille”, il a refusé de poser avec elles!”.
Xavier Bétaucourt - Noyelles-Godault - Café l’Etrier - 24 décembre 2007
“En tant que journaliste, ces événements m’ont profondément marqué. On voit le monde du travail d’un autre oeil. C’est peut-être ça qui m’a donné envie d’écrire cette histoire qui est devenue la BD “Noir métal”... Ce côté hors normes du site, des implications financières et environnementales, des personnages. D’ailleurs, le hors normes, on y est toujours. La preuve, cinq ans après on en parle encore”.
Dany Boon - Hénin-Beaumont - Cinéville - 6 janvier 2008
Le comique natif d’Armentières est en pleine tournée de promotion pour son nouveau film “Bienvenue chez les Ch’tis”. En 2003, il avait participé au match de solidarité qui s’était déroulé au stade Bollaert à Lens, en donnant le coup d’envoi de la rencontre Lens/Lyon et en marquant un but après une longue course en solitaire, le tout sous les acclamations et l’hilarité du public. Lorsque j’évoque avec lui le projet de cette exposition, entre deux portes et avant une séance de dédicaces, Dany Boon me demande ce que sont devenus les métallos et où en sont leurs démarches juridiques. Il me promet un mot pour l’expo... Mais la promo a ses impératifs...
Jacques Houzet, Jean-Pierre Bertrand, Daniel Bouquet - Noyelles-Godault - Locaux d’A.C.E - 14 janvier 2008
“J’ai peut-être eu une prémonition, le 14 janvier 2003”, raconte Jean-Pierre Bertrand. “J’étais de nuit, et j’avais pris mon camescope pour avoir un souvenir à montrer à ma famille. Je suis rentré chez moi le 15 à 6h du matin. Le 17 au matin, j’ai appris la nouvelle par les infos, je suis tombé dans mon fauteuil. C’était comme un viol. Ça faisait 28 ans que je travaillais là. Nous qui avions été élevé dans la culture du travail... Certes, il y avait des signes avant-coureurs, les conditions de travail étaient devenues ignobles. Mais là... Le conflit nous a soudé. Moi, ça ma donné la rage , ça m’a fait rebondir au départ. Et puis, l’usine fermée, j’ai eu un passage à vide. Là, je me suis dit qu’il fallait que je me remue”.
“Avec Jean-Pierre, Daniel, Eric, Jean-Claude et Jacky, nous ne voulions pas laisser l’usine dans l’état de délabrement qui était le sien au moment de la fermeture”, indique Jacques Houzet. “Nous souhaitions la faire mourir dignement. Pour le coup, on nous a pris pour des fous”.
“Lorsque nous avons présenté notre projet à la cellule emploi, ils nous ont dit que nous avions 50% de chances de réussite”, explique Daniel Bouquet. “”On a affiné l’idée de base et notre connaissance du site a incité Sita à nous faire confiance. Nous avons créer A.C.E (Activ-Coeur Environnement) le 17 novembre 2003. Notre spécialité ? La sécurité, la formation, et la protection dans la dépollution et le démantèlement de sites industriels. La création c’était exaltant, mais très dur aussi. J’ai failli divorcer”.
“Aujourd’hui A.C.E, ce sont huit salariés, c’est aussi A.C.L (Actif Coeur Laverie) qui est spécialisé dans le lavage des vêtements qui ont été en contact avec le plomb”, note Jean-Pierre Bertrand. “Avec le recul, je ne sais pas si on le referait... C’est pas facile de se replonger dans les études à plus de 50 ans. Et puis nous avons découvert la gestion des entreprises sur le tas. En plus, nous songeons toujours à la pérennité de l’entreprise. Et 5% de nos salaires partent tous les mois en augmentation de capital. Mais nous ne regrettons rien”.

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